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Le financement de projets à l'heure du Web

Le financement de projets à l'heure du Web

KickStarter

KickStarter fonctionne sur le principe du don. Les créateurs d’un projet fixe une somme à réunir en un nombre de semaines choisi. Les utilisateurs intéressés peuvent alors faire une promesse de don. Si le montant que souhaite réunir le projet est atteint au bout de la période choisie alors l’argent promis par les donateurs est débité de leur compte et versé aux auteurs, moyennant une commission de 5% pour KickStarter. Dans le cas où le seuil n’est pas atteint, le contributeur ne paie rien et KickStarter ne perçoit aucun argent.

En contrepartie, les auteurs proposent diffèrentes récompenses en fonction du don effectué. Cela inclut la plupart du temps du contenu inédit relatif à la production ainsi que l’accés au produit fini (DVD d’un film, téléchargement d’un disque) et l’apparition du nom des contributeurs dans les crédits. Comme il ne s’agit pas d’investissement mais bien d’un sponsoring, il n’y aucun intéressement aux bénéfices que ce soit pour les producteurs ou KickStarter.

La force de KickStarter, en dehors de ne prendre qu’une faible commission sont dans les outils de promotion et de communication proposeés. Les classiques liens sur réseaux sociaux ou par mails sont bien évidemments présents, ainsi que la possibilité de communiquer avec les créateurs et d’autres utilisateurs via les commentaires d’un projet, mais ce qui le démarque vraiment est la fiche de projet qui peut être insérée sur n’importe quel site: particulièrement claire, elle offre en coup d’oeil de voir une courte présentation du projet ainsi que la quantité de dons réunis. En somme, l’outil idéal pour signaler sur le Web les projets que l’on juge intéressant.

KickStarter se pose donc en tant que facilitateur entre les utilisateurs et les créateurs pour un coût minimal, tout en fournissant des outils de communication efficaces.

YourMajorStudio

Lancé le mois dernier, ce site propose d’investir dans des films à diffèrents stades (préproduction, production, distribution). Là aussi les créateurs d’un projet fixent une somme à réunir en un temps donné. Lorsqu’un utilisateur mise sur un projet, l’argent est de suite débité (avec prélèvement de 8% de frais par YourMajorStudio lors de la conversation en crédits YMS, une monnaie virtuelle) et se retrouve sur un compte spécial. Lorsque le seuil est atteint, YourMajorStudio investit alors l’argent dans le projet. Dans le cas contraire la somme est reversée aux investisseurs sous forme de crédits YMS, qui peuvent alors être réinvestis dans un projet, ou reversés en euros moyennant des frais supplémentaires.

En cas de bénéfice sur l’exploitation commerciale du film (cinéma, DVD, VOD), YourMajorStudio reverse 70% des gains qu’elle percoit aux utilisateurs ayant investi dans le projet, proportiennellement à leur mise de départ. Ces versements s’effectuent à intervalles régulier durant les 5 années suivant la sortie.

Si les outils classiques sont disponibles pour la communication interne (commentaires sur le film, page personnelle/blog) les outils de communication externe manquent d’envergure: quelques bannières YourMajorStudio avec une faible mise en avant du projet soutenu, ou vidéo roulante en basse résolution avec le nom du contributeur inséré dans les crédits.

On le constate, YourMajorStudio semble vouloir se positionner comme un investisseur sérieux du cinéma en utilisant l’argent de ses utilisateurs. Rien n’indique en effet que la société engage ses fonds propres malgré les commissions qu’elle touche sur l’achat et la conversion de sa monnaie virtuelle.

Investissez sur ce projet

My Major Company Books

Cette société filiale des Editions XO propose d’investir dans la l’édition de livre. La somme à réunir est fixée à 20000€ pour tous les livres. L’argent est débité dès qu’un utilisateur investit sur un titre puis placé sur un compte spécifique (la société précise d’ailleurs que les éventuels intérêts dégagés par ce compte lui appartiendront). Lorsque le seuil est atteint le livre sera alors édité et imprimé à 10000 exemplaires (sachant qu’un premier roman est habituellement tiré à 3000 exemplaires). Je n’ai trouvé aucune précision sur ce qu’il advient si la somme n’est pas réunie.

En contrepartie de leurs contributions, les utilisateurs toucheront 25% des revenus nets dégagés par la vente des livres. De plus, ils auront droit à 5% des revenus dégagés par la vente des droits pour une adaptation cinéma ou la sortie en poche par exemple.

Pour ce qui est de la communication, le choix a ici été fait de créer un réseau social interne, plutôt que d’exploiter ceux déjà existants (et beaucoup plus populaires). Les soutiens souhaitant communiquer à l’extèrieur devront donc s’acquitter de la tâche à la main.

Fait amusant: la répartition du prix d’un livre entre auteur/éditeur/distributeur/librairie est telle qu’en moyenne la vente de 10000 exemplaires rapporteraient aux environs de 20000€ à l’éditeur, ce qui est justement la somme à réunir sur My Major Company Books. Certains y voient là une méthode d’éditer des livres sans prendre aucun risque.

We Are Producteurs

Joint-venture d’Europa Corp et Orange le site propose de suivre le développement d’un projet de film qui sortira fin 2011 en salles. En première étape les utilisateurs votent pour l’un des 3 synopsis présélectionnés par Europa. Lorsque le synopsis gagnant aura été déterminé il sera alors possible d’investir financièrement dans le film, le financement provenant des internautes pouvant monter jusqu’a 25% du budget nécessaire. Le reste du financement sera pris en charge par Europa que le projet remporte l’adhésion des internautes ou pas. Le film sera en effet produit dans tous les cas.

Les producteurs participeront aux grands étapes du film en acquérant des parts de voix. Ces parts sont octroyées principalement en investissant de l’argent sur le projet, mais aussi en animant la communauté, ce qui devrait inciter les utilisateurs à la rendre vivante. Le poids des internautes par rapport au college d’experts regroupant plusieurs professionnels, dont Luc Besson evidemment, est inconnu pour l’instant.

De même, si l’on sait qu’en cas d’exploitation commerciale bénéficiaire les producteurs seront rétribués il n’est pas encore precisé dans quelle mesure.

La communication externe est elle aussi un point d’interrogation. Il faudra sans doute attendre que le projet soit a un stade plus avancé pour voir apparaître des fankits pour faire la promotion du projet

Conclusion

Sous prétexte de faire participer les internautes pour se mettre au “Web 2.0”, il semblerait que certaines sociétés aient trouvé un bon filon pour prendre le minimum de risques tout en touchant le gros des profits. Cela ne retire rien à l’intérêt du concept, puisqu’auparavant il était tout simplement impossible pour un particulier d’investir dans les produits culturels. On regrettera juste que ces sociétés ne semblent pas profiter de l’occasion pour démarrer des projets qui sortent des sentiers battus afin de voir si il n’y aurait pas un public cible suffisant. Il faudra dans ce cas se rabattre sur les dons, ce à quoi correspondrait de toute façon l’échec commercial d’un projet dans lequel on a investi.

L’initiative d’Europa Corp semble être plus honnête vis-à-vis des utilisateurs puisqu’elle propose de participer a un projet qui aurait dans tous les cas vu le jour. Connaissant le succés que rencontrent la plupart des films produits par Luc Besson, cela peut être une alternative aux investissements immobiliers qui ne sont pas a la portée de toutes les bourses.

A noter aussi l’initiative My Marc Dorcel, non abordée ici, qui propose de financer la production d’un film porno en échange de diffèrentes recompenses (DVD, participation aux bénéfices, assistance a une journée de tournage, voire production d’une scène pour les plus fortunés).

L’ouverture aux internautes dans le financement de projets d’envergures n’est encore qu’une nouveauté. Il sera intéressant de voir si elle se répandra et quelles en seront les limites, en particulier en ce qui concerne l’éclosion de projets qui n’aurait eu que peu de chances d’être dévéloppés auparavant.

# Publié le 11-06-2010 à 16:02 par Christophe Garrigue.
Dans la rubrique Culture.

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